En effet, dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 mai 2018, il a été constaté la mort de milliers de poissons dans la ferme d’un promoteur exploitant piscicole à Kpinnou. A la suite de cette information, plusieurs Autorités des ministères sectoriels (Ministère de l’intérieur (Direction de la Protection civile), le MAEP, Ministère de la Santé, le ministère du cadre de vie et du développement durable), à tour de rôle, sont descendues sur le site pour constater les dégâts. L’objectif de la descente de l’équipe conduite par le PNE est de s’enquérir des faits et agir en conséquence

Selon les informations obtenues du promoteur Olivier GAGA, une substance nocive serait déversée dans le lac en amont de son exploitation constituée d’une vingtaine de parcs dans lesquels il élève des tilapia. La substance aurait atteint son exploitation dans la nuit du vendredi au samedi, causant la mort des poissons.

Notons que les parcs piscicoles, bien qu’étant une exploitation privée, sont installés dans le lit du lac depuis 2016 par le promoteur qui, aurait reçu une autorisation de la mairie d’Athiémé. Pour le promoteur, c’est la première fois, depuis son installation qu’un tel drame survient. La source de cette intoxication, le produit dont il s’agit, ainsi que les circonstances restent inconnus jusqu’à présent.

Monsieur Olivier GAGA (au centre) promoteur du parc piscicole Les poissons morts jonchant le sol

Délégation du PNE-Bénin s'entretenant avec les pêcheurs Entretien avec le promoteur de la ferme piscicole

Le parc piscicole implanté dans le lac TOHO par le promoteur

D’après les riverains du lac rencontrés sur le terrain, ce phénomène de mort de poisson dans le lac n’est pas à son premier épisode, et serait déjà survenu en 2012, suite à une pluie orageuse. Selon eux, les grands vents qui accompagnent la pluie provoquent une grande turbidité qui entraîne l’asphyxie chez les poissons. Mais cette fois-ci, ils reconnaissent que le phénomène observé est différent, à cause de la coloration de l’eau.

Des propos du Deuxième Adjoint au Maire d’ Athiémé, il ressort que les pêcheurs ne sont pas organisés, ce qui fait que la commune ne dispose pas d’interlocuteur direct avec ce groupe socio-professionnel. Une semaine après le drame, les cadres élus de l’arrondissement de Kpinnou et environs se sont réunis sous la direction du Chef de l’Arrondissement pour discuter des mesures à prendre. Une des décisions issues de cette assise est de fédérer les pêcheurs dans une association pour faciliter le dialogue. Aussi, sera-t-il question d’interdire probablement la production maraîchère le long des berges du lac ? L’Autorité a confié qu’il serait heureux de collaborer avec le PNE-Bénin pour la mise en place d’un cadre de dialogue permanent autour du lac.

La déduction faite de ces constats, amène l’équipe du PNE-Bénin à reconnaître une véritable problématique de la GIRE. Les problèmes de GIRE que soulèvent les constats sont ceux du conflit autour de la ressource qui ont pour cause :

  • l’absence d’un cadre de dialogue entre les différents usagers du lac ;
  • l’ignorance et la méconnaissance des pratiques pouvant porter atteinte à la ressource, entrainant ainsi la pollution de l’eau ;
  • l’accès inéquitable à la ressource à des fins économiques ;
  • la mauvaise gestion de la ressource eau.

Absence d’un cadre de dialogue entre les acteurs

Les investigations sur le terrain ont révélé que les différents usagers du lac, (promoteur et les pêcheurs) n’échangent pas entre eux, créant ainsi un climat conflictuel entre les pêcheurs et le promoteur de la ferme.

Ignorance et Méconnaissance de pratiques causant la pollution de l’eau.

Des entretiens faits aussi bien avec le promoteur qu’avec les pêcheurs, Il ressort des appréciations différentes des faits, ce qui témoigne de l’ignorance et de la méconnaissance de ces usagers sur ces situations vécues au niveau du lac à divers niveaux.

Pour les pêcheurs, la mort des poissons du lac ne serait pas causée par une substance qui serait déversée dans le plan d’eau et qui a entrainé le désastre. Pour eux, la sortie massive des poissons flottant à la surface de l’eau n’est qu’une bénédiction des Dieux du Lac mettant ainsi les poissons à leur disposition. Néanmoins, ces derniers expliquent particulièrement la mort des poissons du parc par l’effet de la température de l’eau qui aurait augmenté et a créé l’asphyxie chez ces poissons. Même s’ils reconnaissent la présence d’un produit qui a donné la coloration de l’eau et même des filets, ils n’associent pas la mort des poissons à ce produit.

Le promoteur quant à lui, explique la mort des poissons par l’effet d’une substance nocive déversée dans le lac, pour lui nuire. Mais d’autre part, il pratique le maraîchage sur la berge en pente vers le lit et utilise allègrement des pesticides et des engrais, sans se douter du fait que les produits chimiques utilisés peuvent être drainés dans le lit du lac par les eaux de ruissellement et polluées l’eau du lac.

L’accès inéquitable à la ressource à des fins économiques

En installant ses parcs dans la ressource, et profitant seul des fruits de sa récolte, le promoteur de la ferme limite l’accès à l’exploitation de la ressource aux autres usagers, ce qui constitue une source de conflits en outre, suite au drame qui s’est produit, les activités de pêche sur le lac sont interdites sur une période de dix (10) jours, ce qui empêche les pêcheurs de mener leurs activités. Pendant ce temps, voyant le promoteur assisté par les différentes autorités qui arrivent, les protagonistes trouvent, qu’il est le seul à être secouru, à leur détriment. Tous ces états de choses, entrainent un climat de tension entre les différents usagers de la ressource Eau.

MESURES A PRENDRE

  • Par le PNE-Bénin

Face à cela, il urge de mettre en place un mécanisme de gestion de conflits basé sur la mise en place des outils appropriés. Ce mécanisme se basera sur des rôles qui seront joués par toutes les parties prenantes pouvant intervenir dans la gestion du conflit. Il s’agira alors de :

  • identifier toutes les parties prenantes pouvant intervenir (ministères sectoriels, à savoir MAEP, MEM, MCVDD, usagers, structures techniques d’appui aux activités agricoles, autorités communales, PNE-Bénin, INE etc.) ;
  • mener des actions d’information, de communication et de sensibilisation à l’endroit des parties prenantes sur la GIRE ; (assemblée, radio locale,…) ;
  • enclencher le processus de mise en place d’un organe de gestion : Comité Local de l’Eau (CLE) autour de cette ressource ;
  • Conduire sous la direction de l’INE/UAC des recherches sur la nature des polluants qu’on peut rencontrer dans ce lac liés aux activités menées avec leur degré d’impact sur l’eau et la biodiversité aquatique ;
  • faire le suivi régulier de la ressource. Ceci se fera par le SEau Mono.
  • Par le MAEP

Le MAEP à travers ses directions techniques départementales, assurera l’appui technique :

  • aux promoteurs de pisciculture ;
  • au maraîchers sur les berges des plans et cours d’eau ;
  • à l’utilisation des intrants et pesticides de façon générale dans le sous bassin de la ressource.