Avant le lancement de l’atelier par le maire de Klouékanmè, Christophe Mègbédji, le Coordonnateur du PNE-Bénin, Armand Houanyé, a tenu à situer le contexte de l’initiative de promotion de l’outil EAIE et de l’organisation de l’atelier. Indiquant que la finalité recherchée est de garantir l’eau potable à tous et dans tout le territoire de la commune, il a souligné que cette initiative constitue une réponse à l’amer constat de la non disponibilité de l’eau pour tous les habitants du Bénin et de la commune de Klouékanmè. Une réalité dont la cause principale est, non la disponibilité des ressources, mais un problème de gouvernance. « Les ressources sont là mais nous n’avançons pas assez », a signalé Armand Houanyé pour justifier le développement de l’outil par le réseau Water Integrity Network (WIN). Un outil qui permet d’apprécier l’état et les insuffisances en matière d’intégrité afin d’y remédier. Pour terminer, il a précisé que l’atelier permettra d’appliquer l’outil EAIE au sous-secteur de l’approvisionnement en eau potable en milieu rural, en vue d’établir la situation dudit sous-secteur en matière d’intégrité d’une part ; de cibler les actions d’amélioration à mettre en place. De même, avec les différents acteurs venus de structures diverses (Mairie, OSC, association de consommateurs, partenaire…), l’atelier constitue une opportunité pour promouvoir le droit à l’eau et à l’assainissement, établir une vue d’ensemble sur l’état de l’intégrité dans le sous-secteur sur la base d’éléments d’appréciation tels que Transparence, Reddition des comptes, Participation et Mesures Anti-Corruption, identifier des domaines pertinents d’action pour renforcer l’intégrité et améliorer la gouvernance du sous-secteur. Et enfin, produire un outil pour la sensibilisation de l’opinion sur l’état de l’intégrité de l’eau et incitation des acteurs du secteur à l’action suite à l’atelier.

Par ailleurs, sur le choix de la commune, il a indiqué que Klouékanmè a été ciblée pour ses efforts de bonne gouvernance reconnus au-delà des frontières de notre pays. Réagissant, le maire Christophe Megbédji, s’est dit “très honoré” par ce clin d’œil. « Nous allons nous mettre davantage au travail pour mériter la confiance placée en nous », a-t-il ajouté avant de signifier tout l’engagement de la commune et de ses autorités, à faire en sorte que l’intégrité soit une réalité dans sa localité.

Klouékanmè face au respect du droit à l’eau et à l’outil EAIE

Après avoir exprimé leurs attentes qui se résument essentiellement à la découverte de l’outil et à la volonté de son appropriation, les participants ont eu droit à un exposé sur “Droit à l’eau au Bénin : réalités, défis et approches de mise en œuvre”. En indiquant que le droit a l’eau consiste en un approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coût abordable, d’une eau salubre et de qualité acceptable pour les usages personnels et domestiques de chacun, l’expert Félix Adégnika, a soutenu que l’Etat comme les collectivités locales devraient travailler à ne pas “entraver injustement l’accès à l’eau de chacun”. Tout en affirmant que dans le corpus juridique, le droit a l’eau est loin d’être négligeable mais qu’il est presque inopérant parce qu’il n’est pas appuyé par des décrets d’application ou qu’il est souvent dépassé, il a énuméré des contraintes qui jalonnent son respect par les autorités centrales et locales. Au nombre de ces contraintes, il a cité les passations de marchés et la gestion des contrats, les procédures de gestion des fonds publics, le non respect des normes et standards d’exécution des travaux et l’absence d’autorité indépendante de régulation. Pour lever ces contraintes et assurer le plein respect de ce droit, l’Evaluation annotée de l’intégrité de l’eau (EAIE) constitue un important outil et une réponse. Tout simplement parce que, selon l’expert Armand Houanyé, dans le monde, au Bénin et dans la commune de Klouékanmè, plusieurs personnes sont encore dans l’angoisse de la soif. Et surtout, parce que selon le Rapport Mondial sur la corruption secteur Eau 2008, la crise de l’eau est une crise de gouvernance confortée par la corruption et le déficit d’intégrité. Un constat qui a conduit à la mise en place de plusieurs outils dont l’outil “Evaluation Annotée de l’Intégrité de l’Eau” par WIN suite à un processus de recherche-action. Outil pratique et multifonctionnel qui vise à mettre en place une communauté de pratiques pour partager les expériences pour l’amélioration de l’intégrité et de la gouvernance du secteur (formateurs/ facilitateurs), l’EAIE est aussi un outil de diagnostic. En tant que tel, il permet d’établir une vue d’ensemble de l’intégrité du secteur/ sous-secteur de l’eau pour détecter/ cibler les domaines vulnérables à la corruption, d’identifier les domaines prioritaires dans lesquels il urger d’agir pour renforcer l’intégrité, d’accroître la sensibilisation sur la question de l’intégrité et inciter à des améliorations en faveur de l’intégrité. Il est fondé sur l’analyse des 3 piliers d’intégrité (Transparence, Reddition des comptes, Participation) et dans 5 domaines essentiels : Politique et Législation (PL), Régulation (R), Projets et Programme d’Investissement (PPI), Prestation de Services (PS) et Législation Anti-Corruption (LAC).

Une feuille de route adoptée

Intense et riche, l’exercice qui a suivi la présentation de l’outil a suscité dans chaque groupe de travail et dans la salle, de vifs échanges. En présence du maire qui a suivi et participé aux travaux, les participants sont restés actifs jusqu’ à la fin des travaux. Pilier par pilier et domaine par domaine, les participants ont attribué selon leurs perceptions parfois différentes, des notes pour apprécier l’état de l’intégrité dans le sous-secteur de l’eau potable dans la commune. Si par endroits, les perceptions étaient les mêmes, dans certains cas, les uns et les autres n’étaient pas du même avis. Au final, une moyenne reflétant le niveau de perception commun était retenue comme base de discussion pour relever les insuffisances et points faibles. Un travail d’arrache-pied qui a abouti à l’élaboration d’une feuille de route pour corriger les insuffisances relevées. Les grands axes de cette feuille comportent, en dehors de la finalisation participative du rapport et de la restitution des résultats de l’atelier au niveau communal et des arrondissements, le renforcement des capacités des acteurs (ACEP), la promotion du concept de l’intégrité et du droit a l’eau, la vulgarisation des textes de lois sur l’eau à travers les canaux appropriés, la publication des avis d’appels d’ offres et arrêtés dans les langues locales, la poursuite des efforts de Reddition des comptes au niveau communal, l’évaluation de l’opération marbre.

Au terme de l’atelier, les participants proactifs tout au long des travaux, ont été félicités pour les débats francs menés même si parfois les échanges ont été houleux mais constructifs. Et ce, en présence du maire qui a montré toute sa disponibilité et son engagement. Dans leur ensemble, les participants ont dit avoir beaucoup appris sur cet outil et son utilité pour l’amélioration de la gouvernance de l’eau. Désormais, le cap est mis sur l’après-atelier et à l’unanimité, les participants ont exprimé le vœu de voir la feuille de route mise en œuvre. Mais, ils peuvent compter sur le PNE-Bénin et son partenaire WIN, a rassuré le Coordonnateur Armand Houanyé.